FICHE CONSEIL CIE :

Les premiers mois après la reprise : les 100 jours décisifs

Fiches conseils - Les premiers mois après la reprise : les 100 jours décisifs

Publié le mercredi 11 juin 2025

Introduction : le vrai test commence après la signature

Acheter un commerce n’est pas la fin du chemin, c’est le début d’une nouvelle étape. Les experts parlent souvent des 100 jours décisifs : cette période critique où le repreneur doit stabiliser l’activité, rassurer les équipes, fidéliser les clients et installer son style de gestion.
Selon une enquête Bpifrance Création, près de 40 % des échecs de reprise interviennent dans les deux premières années, souvent faute d’une bonne gestion du démarrage.


1. Maintenir la continuité pour rassurer

La première mission d’un repreneur n’est pas de tout changer, mais de maintenir la confiance.

  • Clients : garder les habitudes (horaires, produits phares, qualité).
  • Équipes : éviter les bouleversements brusques ; instaurer un climat de dialogue.
  • Fournisseurs : confirmer les commandes, rassurer sur la poursuite des relations.

Témoignage – Élodie, repreneuse d’un salon de coiffure à Marseille :
« J’avais envie de refaire toute la déco immédiatement. Mon expert m’a conseillé d’attendre 6 mois. Les clientes ont apprécié que je ne bouleverse pas leurs repères tout de suite. »


2. Établir un plan d’action « 100 jours »

Phase 1 (J + 7 à J + 15)

  • Réaliser un inventaire complet des stocks.
  • Mettre en place des briefs quotidiens avec l’équipe.
  • Observer et écouter avant de décider.

Phase 2 (J + 30 à J + 45)

  • Lancer une petite opération de communication : flyer, publication sur Google Business, post réseaux sociaux.
  • Tester des ajustements discrets : nouvelle mise en avant produit, modification d’un horaire, offre promotionnelle ciblée.
  • Négocier avec 2 à 3 fournisseurs stratégiques.

Phase 3 (J + 60 à J + 90)

  • Organiser une rencontre clients (dégustation, apéritif, journée portes ouvertes).
  • Ajuster l’offre selon les retours clients et les données de vente.
  • Réaliser une revue financière intermédiaire : marge brute, panier moyen, trésorerie.

3. Les indicateurs de suivi prioritaires

Inutile de se noyer dans les chiffres. Trois indicateurs suffisent pour piloter les débuts :

  • Marge brute : doit rester dans la moyenne sectorielle (30 à 60 % selon activité, source INSEE).
  • Rotation des stocks : un stock qui ne bouge pas = trésorerie bloquée.
  • Panier moyen : suivi hebdomadaire, surtout en commerce de détail.

4. Les pièges des premiers mois

  • Vouloir imposer trop vite son empreinte (changement brutal d’enseigne, d’horaires, de produits).
  • Sous-estimer la trésorerie : certains repreneurs investissent trop tôt dans la rénovation et se retrouvent sans fonds pour les salaires ou les charges.
  • Ignorer les équipes : perte de personnel clé = perte de savoir-faire et de clientèle.
  • Se disperser entre gestion, marketing, administratif, sans prioriser.

5. Témoignages de terrain

« J’ai repris une boulangerie avec 5 salariés. Le premier mois, j’ai travaillé en caisse avec eux. Ça m’a permis de comprendre le fonctionnement réel et de gagner leur respect. » — Julien, repreneur, Tours

« J’ai failli tomber dans le piège : dépenser 40 000 € pour refaire la boutique tout de suite. Finalement, j’ai attendu un an. Les clients m’ont vu d’abord comme un commerçant sérieux, pas comme un décorateur. » — Amira, repreneuse, Lyon


6. Exemple concret : une supérette de quartier

  • Jour 1 : inventaire contradictoire avec le cédant.
  • Jour 10 : première réunion d’équipe pour annoncer la continuité des emplois.
  • Jour 30 : opération « pack rentrée scolaire » qui génère +12 % de CA.
  • Jour 60 : renégociation du contrat boisson, marge +3 pts.
  • Jour 90 : bilan financier, trésorerie positive, plan d’investissement validé pour l’année suivante.

7. Encadré chiffres clés

  • 40 % des échecs de reprise interviennent dans les 2 premières années.
  • La fidélité des clients d’un commerce de proximité repose à 70 % sur l’expérience relationnelle (source Procos).
  • Une opération locale de communication (flyers, Google Business, réseaux sociaux) génère en moyenne +10 % de fréquentation le premier mois (CCI Paris).

Conclusion : avancer avec méthode

Les premiers mois d’une reprise sont une période fragile mais pleine d’opportunités. Le repreneur doit trouver le juste équilibre entre continuité et innovation.
En se fixant un plan 100 jours clair, en suivant 2 ou 3 indicateurs vitaux et en restant proche de ses clients et salariés, il transforme cette période critique en tremplin pour l’avenir.

En résumé : écouter, observer, sécuriser… puis agir par petites touches.