FICHE CONSEIL CIE :

Financement de la reprise d’un commerce

Fiches conseils - Financement de la reprise d’un commerce

Publié le vendredi 4 juillet 2025

Introduction : un frein ou un tremplin

La question du financement est l’un des points les plus redoutés par les repreneurs. Pourtant, les banques et organismes publics considèrent la reprise comme moins risquée qu’une création ex nihilo, car l’affaire dispose déjà d’un historique (bilans, clientèle, bail). Le défi consiste à monter un plan de financement crédible et équilibré.

Selon la Banque de France, environ 7 projets de reprise sur 10 obtiennent un accord bancaire, à condition que l’apport personnel et la viabilité du business plan soient jugés suffisants.


1. L’apport personnel : indispensable

Un repreneur doit généralement apporter 20 à 30 % du prix d’acquisition.

  • Apporter moins est possible, mais rend la négociation avec la banque plus difficile.
  • Au-delà de 40 %, le projet inspire confiance mais peut fragiliser la trésorerie personnelle du repreneur.

Exemple : pour une reprise de fonds à 200 000 €, un apport de 50 000 € (25 %) est jugé correct.


2. Le prêt bancaire classique

Les banques financent habituellement la reprise sur une durée de 5 à 7 ans.

  • Le taux d’intérêt dépend du profil du repreneur et du secteur (autour de 4,5 à 6 % en 2025).
  • Les garanties demandées : nantissement du fonds, caution personnelle, parfois hypothèque.
  • La banque exige un plan de trésorerie à 3 ans et des hypothèses réalistes (pas seulement optimistes).

Témoignage – Marc, repreneur d’un bar-tabac à Lille :
« La banque a accepté de me suivre à condition que je présente un avenant du bailleur confirmant le maintien du loyer. Sans ça, le prêt était refusé. »


3. Les aides publiques et dispositifs spécifiques

a) Les dispositifs nationaux

  • ARCE (Aide à la reprise ou création d’entreprise) : versée par France Travail (ex-Pôle emploi). Depuis avril 2025, elle correspond à 60 % des allocations chômage restantes, versées en deux fois (50 % au démarrage, 50 % après 6 mois sous conditions)【web】.
  • ACRE : exonération partielle de charges sociales la première année.
  • Prêts d’honneur (Initiative France, Réseau Entreprendre) : sans intérêts ni garanties, mais conditionnés à un accompagnement.

b) Les dispositifs Bpifrance

  • Prêt Transmission : financement complémentaire à l’apport et au prêt bancaire, sans garantie personnelle.
  • Prêt Reprise : spécifiquement pour les transmissions de PME et TPE, souvent co-financé avec une banque partenaire.

c) Les aides régionales et locales

Chaque région dispose de ses propres dispositifs (subventions, avances remboursables). La base nationale des aides publiques permet de les recenser【web】.


4. Le rôle des investisseurs et partenaires

Pour des projets de plus grande taille, le financement peut inclure :

  • Associés investisseurs : apport en capital contre des parts sociales.
  • Crédit-bail ou location financière : utile pour financer du matériel (caisse, four, mobilier).
  • Crowdfunding : de plus en plus utilisé dans les commerces de proximité, notamment alimentaires et culturels, pour associer la communauté locale.

5. Exemple de montage type

Cas pratique : reprise d’une boulangerie, prix 300 000 €

  • Apport personnel : 75 000 € (25 %)
  • Prêt bancaire : 180 000 € sur 7 ans
  • Prêt d’honneur Initiative France : 15 000 €
  • Trésorerie de départ et travaux : 30 000 € financés par une ligne court terme
  • ARCE : 18 000 € (60 % des droits restants au chômage) injectés dans le fonds de roulement

Résultat : un plan équilibré, rassurant pour les banques.


6. Chiffres clés

  • 25 % d’apport personnel = seuil minimum souvent exigé.
  • 60 % : part des allocations chômage mobilisable via l’ARCE en 2025【web】.
  • Environ 70 % des dossiers de reprise bien préparés sont financés par les banques.
  • Les prêts d’honneur atteignent en moyenne 10 000 à 30 000 € selon les réseaux.

7. Les erreurs à éviter

  • Tout miser sur le prix d’achat et négliger le besoin en fonds de roulement (stocks, salaires, trésorerie).
  • Compter uniquement sur l’ARCE sans sécuriser un financement bancaire.
  • Présenter un business plan trop optimiste, sans scénario prudent.
  • Ne pas impliquer le banquier en amont (certains repreneurs attendent trop longtemps avant de solliciter leur conseiller).

Conclusion : anticiper et diversifier

Le financement d’une reprise ne repose pas sur une seule source mais sur un mélange équilibré : apport, prêt bancaire, aides, prêts d’honneur. L’enjeu est de montrer aux financeurs que le projet est solide, réfléchi et réaliste.

En résumé : préparez un plan de financement aussi sérieux que votre projet d’exploitation. Les banquiers ne financent pas seulement un commerce, ils financent un entrepreneur.